


Goran Bregovic. Mariages & Enterrements
Muharem Redzepi & Goran Bregovic « Il faut absolument que nous préparions la célébration de nos funérailles. » C’est un refrain récurrent que nous échangeons, ma femme et moi, après nombre de cérémonies funéraires, tant il nous semble évident que les proches n’ont jamais le temps de s’en occuper au mieux, noyés dans l’urgence subite de l’évènement. A contrario, les mariages sont préparés pendant de longs mois. Rien n’est laissé au hasard. On réserve le DJ pour la soirée, voire un petit combo jazz pour l’apéritif, une chorale pour la messe. Pour peu que l’un des mariés fasse partie d’un orchestre ou d’un chœur, et c’est toute une troupe joyeuse qui vient adouber les mariés, comme pour ce mariage dans le Jura où j’étais engagé dernièrement comme reporter-dessinateur. Notre famille étant, elle aussi, largement pourvue de musiciens, c’est bien souvent l’occasion de jouer ensemble soit l’un des nombreux tubes de la musique religieuse, soit la pièce que l’un ou l’autre aura composée pour l’occasion. Cependant - et curieusement - le répertoire du mariage est bien souvent limité à la sempiternelle Marche Nuptiale de Mendelssohn, quand la musique classique regorge de lamentos, requiems et autres pièces de tristesse, véritables chefs d’œuvre composés en prévision des funérailles des grands de la terre. Ainsi, il y a une grande différence, dans notre société, entre la façon dont nous appréhendons les deux cérémonies. La faute, je crois, à l’étiolement d’un sens du sacré qui rythmait autrefois les étapes de l’existence: naissance, mariage, mort. Il suffit pourtant d’interroger les traditions populaires de la Terre pour constater combien les différentes cultures ont enraciné la musique dans...
Contrebasse Tribute n° 5
Episode 4, le 2 juillet 2016 : Les éclisses sont réalisées en acajou, essence généralement utilisée pour les guitares. Pour mettre en forme ces éclisses assez hautes

Contrebasse Tribute n° 4
Episode 4, le 1er juillet 2016 : Les tasseaux sont ensuite travaillés pour épouser parfaitement la forme intérieure des éclisses

Pink Martini. Un pastiche, sinon rien.
Thomas M.Lauderdale & Storm Large L’Internet m’a ouvert les portes d’une bibliothèque planétaire qui pallie fort heureusement mon ersatz de culture. Dans ce fourre-tout d’informations, on trouve de tout, du plus sérieux au plus loufoque, en passant par une quantité de gourous plus impressionnante encore que celle qui - dans les années 80 - s’étalait sur les cartes de visite, à la sortie du métro parisien. Si vous y cherchez la recette du Pink Martini, vous serez surpris par le nombre de propositions de ce cocktail, toutes présentées - évidemment - comme l’Authentique. Certains y verront la variante du Vesper qu’invente James sous la plume de Ian Flemming dans « Casino Royale », d’autres ne jureront que par le vin-rosé-vodka-canneberge, avec ce soupçon d’inaccessible que procure toujours l’addition d’un ingrédient somme toute assez rare dans la panoplie de nos frigidaires. Vous y trouverez aussi des conjugaisons bon enfant, de Martini et sirop de fraise - voire de grenadine - qui fleurissent les blogs à l’approche des barbecues de l’été aux côtés de l’incontournable rosé-pamplemousse. Il faut dire que ce nom est une réussite! Un alliage de classe et de kitch, de fraîcheur et de vintage relevé par ce soupçon d’ironie assez féminine qui nous pousse à porter un nœud papillon rose à un pince-fesse trop guindé. La canaille se plait toujours à singer la Haute. Le déguisement, c’est le bonheur du pastiche. Lorsque Thomas M.Lauderdale fonde le groupe Pink Martini, il y a plus de vingt ans, à Portland, il n’a d’autre ambition que de proposer une musique de bal qui pourrait plaire à tous les publics. Certains pourraient appeler ça...
Contrebasse Tribute n° 3
Episode 3, le 30 juin 2016 : Le moule. A partir de dessin, on découpe deux panneaux épais qui vont supporter les tasseaux pendant toute la fabrication des éclisses (la partie courbe latérale de l’instrument). Les tasseaux sont collés sur les panneaux « à l’ancienne », à la colle de peau (nez sensibles s’abstenir).

Ibrahim Maalouf. Le tapis volant.
Ibrahim Maalouf et les enfants de Vienne. Il y avait dans ma maison d’enfance un lieu magique entre tous, un monde à part que nous arpentions avec voracité, mon frère et moi, dans notre apprentissage de petits garçons. Au milieu de la salle à manger trônait, sombre comme un coffre au trésor, une grande table de chêne sur laquelle se faisaient les grands repas. Outre les panneaux coulissants qui cachaient sous l’épais plateau les couverts de fête, elle avait , reliant ses pieds à quelques centimètres du sol, une longue et large barre sur laquelle nous glissions sans fin, tournant autour du meuble pour reprendre le départ comme les enfants rejoignent en courant l’échelle du toboggan. A plat ventre sur cette passerelle, nous survolions alors le tapis persan, nous délectant du vertige que nous causait ce monde fantasmagorique. Probablement, ce tapis n’avait de persan que le décor et n’était qu’un lointain ersatz des merveilles qu’Ispahan ou Kashan produisaient au XVIe siècle, mais nous avons passé de longues heures à pousser nos billes entre ses fleurons, déambulant dans ce jardin cosmique, transportés par notre seul bon vouloir aux quatre coins du monde, voire au-delà. Le tapis magique, que la Mythologie Perse attribue à un cadeau de la Reine de Saba au Roi Salomon, fait partie de ces personnages incontournables de notre imaginaire des Mille et Une Nuits. Avec lui, le héro se joue de l’apesanteur et parcourt le monde, protégé dans ce jardin symbolique qui voyage dans l’univers et le contient tout entier. Cet espace du rêve est le cadeau de l’enfance, l’espace du tout-est-possible qui nous fait grandir en...
Contrebasse Tribute n° 2
Episode 2, le 29 juin 2016 : Dessin. Un nouvel instrument, c’est d’abord un dessin!
Pour cet instrument particulier, nous avons choisi de reprendre le dessin d’une contrebasse demi Mirecourt pour la partie haute.

Contrebasse Tribute n° 1
Episode 1, le 28 juin 2016 : Préambule : Créer une contrebasse? Voilà une belle histoire! L’atelier de lutherie AltiCelli aime la création, et quand on est installé à Vienne, on côtoie forcément des jazzmen, mais pas que.