Kenny Neal. D’autres racines.

Kenny Neal. D’autres racines.

 

 

Kenny Neal (chant, guitare, harmonica), Brandon Adams (claviers), Fredrick Neal (claviers), Darnell Neal (basse), & Bryan Morris (batterie)

On a trop souvent tendance à chercher les racines du blues dans la seule mémoire africaine. C’est faire peu de cas de la multiplicité des histoires qui ont construit le peuplement de l’Amérique. Si l’esclavage a forgé une grande partie de l’identité de cette musique, la déportation des Acadiens a donné à la Louisiane une autre part de sa chair. Probablement, la mémoire sélective de notre Histoire de France a eu tôt fait d’oublier les défaites et, tout comme celui des Pieds-Noirs, le sort de ces français déracinés fait par trop tâche dans l’éloge panégyrique de notre belle nation. La considération du Grand Dérangement - déclenché par le passage de l’Acadie sous domination britannique - mériterait pourtant mieux que notre ignorance, tant cette déportation massive fût une réelle catastrophe humanitaire. La chanson Évangeline(1) tirée du poème d’ Henry W. Longfellow - qui raconte la séparation de deux fiancés - fait partie d’un des mythes fondateurs de l’identité acadienne et, plus largement, de l’affirmation identitaire des communautés franco-américaines. La séparation des familles en déportation est le moyen le plus sûr de soumettre un peuple.

 

Le swamp blues de Kenny Neal tire une grande partie de ses influences dans l’apport de la musique cadienne. Peut-être est-ce, en elle, la raison de l’étroite coexistence du sombre et du lumineux, de cette gaité funky flottant sur les rythmes lourds, une certaine idée de la résilience. Peut-être aussi, les liens familiaux des membres de son groupe disent mieux encore combien les communautés humaines sont à la source de toute musique, à l’instar de la mise en scène de la dernière vidéo(2) du bluesman de Bâton-Rouge, montrant toute la famille autour d’un pique-nique géant d’écrevisses. Une certaine idée du bonheur, bien loin de la noirceur d’un blues bitumineux. A voir les sourires qui illuminent les musiciens pendant le concert, force est de penser qu’ils l’ont probablement trouvé. Le bleu existe aussi dans le blues. Tous les Acadiens…

 

(1) A écouter sur

 

https://www.youtube.com/watch?v=ihwnTAFgaOA

 

(1) Vidéo visible sur

 

https://www.youtube.com/watch?v=puayq7Koj_A

 

 

 

Kenny Neal